M. Michel Francoeur au Forum sur l’autisme, 11 février 2016
Photographie : Lucila Guerrero
C’est le monde de l’autisme en entier qui est en deuil. Le 31 août 2016, Michel Francoeur est décédé.
Monsieur Francoeur s’introduisait dans votre vie sans formalité, doucement. Dès les premiers instants, vous étiez frappé par l’impression de sagesse émanant de l’homme qui vous faisait face, mais aussi, de sous son abondante chevelure blanche et bouclée, par son incroyable regard bleu, plein d’amour et de bienveillance. Ses yeux se fixaient longuement sur chaque personne autour de vous, qu’ils embrassaient de leur bonté.
Je n’ai jamais connu, chez Monsieur Francoeur d’autre présence que celle-là : celle d’un mentor au service de son disciple, celle d’un chef d’orchestre que personne ne voit, mais dont la musique s’entend de tous, celle d’un grand homme.
Quelque chose, en effet, distingue l’homme bon du grand homme : alors que l’homme bon tente de faire du bien où il se trouve et dans la mesure de ses moyens, le grand homme, lui, se laisse oublier pendant que son œuvre prend des dimensions qui dépassent de loin sa présence ou ses moyens. Tel était Michel Francoeur. Peu se rappelleront, à moins d’en faire l’effort, toutes les belles choses, les actions justes, les idées nouvelles, dans d’innombrables maisons, plusieurs institutions et jusque dans des universités, dont on trouve chez ce révolutionnaire tranquille, l’origine et l’inspiration.
Monsieur Francoeur vous invitait à faire des choses. En toute délicatesse. Et vous les faisiez. Pour lui, alors même qu’il n’en tirait aucun bénéfice. L’amour le guidait, et c’est pourquoi vous l’avez entendu dire du bien de vous et de votre entourage, bien davantage que du mal de qui que ce soit. Il vous faisait sentir exceptionnel, et les mots qu’il employait pour vous décrire ne s’embarrassaient pas de fards. Il disait combien il vous aimait.
Et son regard bleu sous les vagues de cheveux blancs… Quand Monsieur Francoeur vous regardait, c’était un peu le ciel que vous voyiez. Mais lui-même n’aurait guère apprécié que vous le lui disiez. Il affirmait qu’après la mort, plus rien n’était. J’espère qu’il me pardonnera de lui répondre qu’il reste beaucoup, beaucoup de Michel Francoeur chez moi, chez vous, et partout autour de nous, et cette présence est immensément fertile. Elle ressemble à un immense jardin sans frontières. On en récoltera les fruits pendant très, très longtemps. Nous aurons le devoir de nous rappeler sur quelle terre ils ont poussé.
«Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur. Elles ne représentent pas nécessairement les idées de l’ensemble des membres de Aut’Créatifs, ni ne sont une position officielle de l’organisme»