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Francis Rompré

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Comme beaucoup d’autres autistes, j’ai passé ma vie à chercher à me comprendre, à trouver l’origine de mon décalage par rapport aux autres. Non dans le but de biffer au crayon noir cette partie de moi, mais plutôt pour avoir une explication de ma façon d’être et de penser. C’est en janvier 2013 que le verdict libérateur est tombé; syndrome d’Asperger (selon le DSM-IV, en vigueur alors).

Mon parcours a toujours été clairement atypique. Forte réserve sociale dès le plus jeune âge, troubles sensoriels, des routines et une rigidité face au changement. J’ai appris à lire avant la maternelle pour mieux m’adonner à mon premier intérêt spécial: les dinosaures. Tout le long de mon parcours scolaire, mes relations sociales avec les autres étaient extrêmement tendues et restreintes. Heureusement, j’excellais dans mes cours, passant mon secondaire à accumuler les notes de plus de quatre-vingt-dix pourcent sans aucun effort.

J’ai participé à deux événements Expo-Science au primaire, parlant de géologie et de minéralogie au grand public. J’ai démarré un club de météorologie en secondaire I. J’ai reçu deux Méritas en secondaire II pour mes notes exceptionnelles en histoire et en sciences physiques. J’ai reçu mon diplôme d’études collégiales en 2006. En 2007, j’ai déposé un mémoire devant la commission Bouchard-Taylor à propos des accommodements raisonnables.

Je n’ai jamais cessé de m’améliorer et de travailler sur moi-même, au point qu’en 2010 j’ai été engagé comme caissier-vendeur dans un grand magasin reconnu, emploi que j’occupe toujours. De prime abord, l’image qu’on se fait d’un vendeur semble bien peu compatible avec l’autisme. Pourtant, la capacité à mémoriser de grandes quantités d’informations, le souci d’exactitude, la recherche d’ordre et de classement, l’adoption d’une routine de travail, la rapidité à calculer, ce sont tous des traits recherchés. Et, au fil du temps, le contact social devient plus aisé, même si ça ne devient ni naturel, ni recherché particulièrement.

Et depuis la grève étudiante de 2005, alors que je fréquentais le cégep, j’ai décidé de défendre mes valeurs et mes idées. J’ai cru en la défense des acquis des étudiants, j’ai donc manifesté. J’ai cru en une économie plus humaniste et égalitaire, en un État moins autoritaire et répressif, j’ai continué à poser des actions en accord avec ce en quoi je crois.

Aujourd’hui, je crois surtout en l’essor de la neurodiversité. Les gens dits anormaux, atypiques, excentriques, bizarres, tous ceux qui n’agissent pas selon les conventions et qui suivent leur propre voie malgré la désapprobation sociale des bien-pensants, ceux-là, comme moi, ont droit au respect, à l’acceptation. J’ai, en ce printemps 2015, commencé la rédaction d’une page à propos du TSA (le trouble du spectre autistique), m’inspirant d’anecdotes personnelles pour faire mieux comprendre aux gens ce que nous vivons au quotidien, ou à tout le moins tenter de le faire. Car les préjugés, le mépris, le rejet, ça part souvent d’une méconnaissance, d’un manque de compréhension. Ce n’est pas en nous cachant et en gardant profil bas que nous parviendrons à prendre notre place, mais en clamant haut et fort notre différence.

M’associer à Aut’Créatifs, c’est un naturel, la continuité de ma démarche personnelle pour faire mieux connaître l’autisme, sous toutes ses déclinaisons. S’unir pour mieux propager notre message.

Je vous invite à suivre ma page et à la partager!

http://facebook.com/aspidude

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