Iris est une créature espiègle et joueuse, pleine d’amour et de ronrons gutturaux. Elle peut se révéler fort affectueuse, lorsque l’on réussit à écarter ses tentacules empoisonnés pour lui gratter le derrière de sa troisième oreille en partant du bas (attention à ne pas toucher à la cinquième en partant du haut, cela pourrait vous valoir quelques morsures).
Mi humaine, mi-shoggoth et re mi-ours derrière, Iris a appris tardivement, à l’âge de 7852 ans (soit 25 années humaines), qu’elle était en plus de tout ça autiste. Cette nouvelle lui a permis de comprendre beaucoup de choses à propos d’elle-même (notamment pourquoi elle semblait avoir tant de mal à communiquer avec les enfants humains, qui se mettaient à la courser armés de torches enflammées chaque fois qu’elle essayait d’établir le contact; ou pourquoi elle était capable très jeune de lire des classiques, mais pas fichue de savoir quand c’était son tour de parler dans une conversation; ou pourquoi elle était sensible à des bruits ou des textures dont personne d’autre ne semblait se soucier; ou, ou, ou…).
Le diagnostic n’a pas été facile à obtenir, puisqu’Iris est plutôt bonne pour replier ses pseudopodes et « passer » (mais pas trop) pour humaine. L’autisme étant encore bien mal connu dans son pays à l’époque de sa jeunesse, et perçu par le grand public comme une maladie incapacitante, on lui a répété durant son adolescence qu’elle ne pouvait pas être autiste puisqu’elle était autonome, qu’elle savait regarder dans les yeux et qu’elle n’avait pas l’air handicapée. Non vraiment, son problème, c’est qu’elle était juste mal élevée. Malgré tout, Iris a poursuivi ses démarches jusqu’au bout et ne le regrette absolument pas. Grâce à ce mot posé sur sa différence, elle a pu regagner une confiance en elle que son incertitude et sa solitude lui avait progressivement fait perdre. Soudain, tout avait un sens.
Elle espère aujourd’hui, par son implication et son travail, faire valoir la créativité et la richesse unique des personnes autistes, dont le neurotype n’est certainement pas un handicap. Elle espère contribuer à la reconnaissance de l’autisme comme une différence et non une maladie. Elle espère aider à faire avancer la compréhension générale de l’autisme. Elle espère enfin que son expérience pourrait parler à d’autres bestioles comme elle et les aider à se sentir moins seules.
On la trouve principalement sous les grosses pierres, occupée à inventer des choses dans ses trois têtes. C’est ce qui lui a permis de survivre des années durant, alors qu’elle était très isolée et ne savait pas encore très bien ce qu’elle était. Inventer pour s’inventer elle-même. À force d’inventer, elle a fini par consigner - d’abord sur des feuilles mortes, puis dans des carnets, puis dans trouzemille Google Docs aux noms aussi variés et informatifs que « brouillon », « brouillonBis », « brouillon_mal_écrit3 », « evivBulgroz » ou « test », puis, enfin, ayant réussi à faire le tri dans ses docs (mais pas ses têtes toujours pleines de parenthèses, car elle ne sait pas penser en ligne droite) dans de vrais livres en vrai papier publiés dans de vraies maisons d’éditions (elle n’en revient toujours pas).
Pour en arriver là, Iris, vêtue de son déguisement humain pas très bien ajusté, a d’abord étudié la littérature pendant 5 ans en France. Elle a ensuite traversé l’Atlantique cachée dans la cale d’un cargo de marchandises, confortablement allongée dans un cercueil rempli de terre de son pays de naissance, pour venir étudier l’édition au Québec. Le frette de l’hiver, loin de l’effrayer, lui a rappelé les glaces de l’Antarctique, dans lesquelles elle est restée prise pendant près de 1000 ans avant d’être découverte par une équipe de chercheurs en vadrouille - nostalgie ! Bref, le Québec lui a tant plu qu’elle est aujourd’hui fière d’en être résidente à perpète. Son parcours académique lui a permis de devenir éditrice jeunesse et autrice. En 2018, elle a publié un premier roman traitant de l’acceptation du diagnostic d’autisme à l’adolescence. Mais, comme Iris ne reste jamais longtemps au même endroit, même dans ses têtes, elle a fini par se tanner des livres et par devenir programmeuse. (Non, c’est pas vrai, elle ne se tannera jamais des livres. Elle est juste passée du français au Javascript. Et puis elle écrit et édite toujours à son compte.) Parce que le code, c’est encore un autre moyen d’inventer et de réinventer le monde.
Elle travaille actuellement pour Myelin, une entreprise qui vise à rendre l’information en autisme plus accessible. Lorsqu’elle a du temps, elle écrit aussi parfois pour le blog d’URelles (https://urelles.com/), qui promeut la diversité l’inclusion dans le milieu des technologies (Psst. Leur travail est super hot !)
En plus de tout ça, Iris aime bien dessiner et prendre de photos. Elle rêverait de pouvoir réaliser un jeu-vidéo de A à Z toute seule, mais si elle ne passe une heure de sa vie sans musique, elle n’est malheureusement pas bien douée pour distinguer les « si » des « ré », et la bande-son de son jeu risquerait de sonner comme un combat de koalas en rut.
Iris aime aussi parler d’elle à la troisième personne plutôt qu’à la première, car sinon ses deux autres têtes se sentent délaissées et se mettent à bouder.
Vous pouvez la trouver sur son Facebook d’autrice (https://www.facebook.com/irisautrisse), son Instagram de photographe (https://www.instagram.com/lokasen.nas)
et son LinkedIn de travailleuse active qui paye des impôts
(https://www.linkedin.com/in/iris-l-martinez-2a0b9868/).
Son roman sur l’autisme à l’adolescence, L’horloge, est disponible ici : https://editionsdemortagne.com/produit/lhorloge-44/
Son site à elle: https://lokasennas.com
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