Simon Marie

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours eu cette sensation d’être différent des autres et d’être en décalage permanent avec mon entourage proche ou moins proche.

J’ai toujours eu tendance à réaliser des activités de manière solitaire, à avoir une communication unilatérale, des difficultés à initier et à maintenir des conversations réciproques, une rigidité comportementale et cognitive (i.e., les centres d’intérêt et les habitudes).

Mon autisme a été diagnostiqué par un psychiatre libéral (en complément d’un bilan et évaluation neuropsychologique) bien plus tard, à l’âge adulte suite à une très longue errance diagnostique. J’ai également un diagnostic pour de la dyspraxie et de l’hyperactivité. Le bilan psychométrique révèle aussi une probable douance.

J’ai réalisé que j’étais autiste en 2013 suite à une prise de conscience et après m’être documenté sur le sujet, le domaine de l’autisme est d’ailleurs devenu pour moi un réel « intérêt spécifique » depuis. Je suis donc une personne autiste mais cette condition n’est pas limitative car comme tout personne autiste, je suis sujet également à d’autres particularités et d’autres troubles que je n’aborderai pas ici volontairement.

Le diagnostic n’est pas tout et j’ai d’ailleurs suivi une thérapie pendant de nombreuses années, ce qui m’a notamment permis de faire ma propre connaissance, d’apprendre à gérer mes émotions, de m’adapter au mieux à mon environnement et de mettre en œuvre des stratégies de compensation et d’adaptation pour pallier à certaines de mes difficultés au quotidien.

En tant que personne autiste et désireux de mettre à profit ma singularité, mes compétences ainsi que mes connaissances au service de la communauté, j’ai pris l’initiative de créer en France l’association « Collectif Atypique », afin d’aider d’autres personnes autistes et neurodivergentes à sortir de leur isolement social et professionnel.

Je pars du postulat que les personnes singulières, comme moi, sont douées de talents, de sensibilités, d’atouts etc. Autant de points communs à valoriser ensemble via une entraide mutuelle et bienveillante.

J’ai eu un parcours scolaire et universitaire « normal », même si ce milieu était trop anxiogène pour moi, ainsi je me suis souvent retrouvé en échec et je suis passé à côté de beaucoup de choses. Aussi, j’ai été victime systématique de mauvais traitement et de harcèlement scolaire mais aussi de discrimination qui demeure et persiste.

Si nous avions eu les connaissances scientifiques actuelles, cela m’aurait beaucoup aidé dans mon jeune âge et m’aurait peut-être permis d’avoir un tout autre destin. J’ai finalement appris à apprendre par moi-même, en utilisant les livres et ma mémoire, je suis aujourd’hui titulaire de plusieurs diplômes universitaires mais ce n’est pas pour autant que je suis accepté dans le monde professionnel.

J’ai commencé à travailler directement en tant que cadre dans le secteur des télécoms, il y a un peu plus de vingt ans. Chacune de mes missions (car j’ai eu énormément de postes différents) s’est toujours très bien déroulée et j’ai toujours été très apprécié par rapport à mes compétences et mon intelligence singulière. La difficulté par contre, c’est que comme beaucoup de personnes autistes Asperger, je n’ai jamais été à l’aise avec les interactions et les conventions sociales, notamment lorsque je me retrouve confronté à une mission en lien avec autrui.

En 2015, j’ai eu une prise de conscience : l’argent, la finance, le business… ce monde n’avait jamais correspondu à mes valeurs profondes et n’avait jamais collé non plus avec ma personnalité. Ma condition autistique fait que j’ai du mal à aller vers les autres et à nouer des relations « normales » avec les gens que je côtoie. Dans le monde professionnel, il est très important de se montrer vigilant pour savoir distinguer et interpréter les intentions des personnes… ce qui est assez complexe pour moi du fait de ma grande naïveté.

Aujourd’hui, je m’intéresse plus particulièrement aux sciences humaines et sociales.