Communiqué

Quand la sélectivité dicte les interventions en autisme!

Communiqué officiel

Diffusion immédiate

16 mars 2021

Quand la sélectivité dicte les interventions en autisme!

Le 2 mars dernier, le journal Actualité de l’UQAM annonçait le nouveau programme DESS en intervention comportementale auprès des personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme.1 Ce programme est fondé sur l’intervention comportementale intensive et « vise à enseigner les comportements socialement acceptables, à réduire les comportements problématiques et à bonifier la qualité de vie par le développement des habiletés sociales et scolaires, de motricité, de langage, de jeu et d’autonomie. »2 Selon le communiqué, «toutes les études récentes démontrent que cette approche donne les meilleurs résultats pour le développement de l’enfant».

Or, non, «toutes» les études ne font pas cette démonstration. En fait, selon bon nombre d’études, plusieurs recherches prétendant démontrer le succès de l’intervention comportementale intensive (ICI ou ABA en anglais) révèlent des lacunes méthodologiques. La qualité des démonstrations est souvent faible; les effets néfastes ne sont pas signalés et les effets à long terme demeurent inconnus.

La qualité des démonstrations de l’efficacité et les effets à long terme

En 2019, un rapport du comité de la défense des États-Unis démontrait qu’après un an de ICI, avec un échantillon de 16 111 participants, 76% de ces derniers n’avaient pas présentés de changements significatifs, et 9% avait connu une dégradation.3

En 2020, le rapport4 mentionnait que les analyses avaient été faites pour des interventions d’une durée de 12 ou 18 mois. Les résultats semblaient démontrer une amélioration chez des participants. Or, comme il n’y avait eu aucun groupe de contrôle, il est impossible de déterminer la cause de cette amélioration, qu’elle soit en lien avec ICI, d’autres services ou simplement la maturation. De plus, malgré une amélioration, celle-ci ne serait pas significative.

Par contre, le rapport démontrait qu’il n’y a aucun lien entre le nombre d’heure d’intervention par semaine et l’amélioration chez les participants. Cela suggère que les petites modifications, chez les participants, ne sont pas reliées à ICI. L’absence de lien entre le nombre d’heure et l’efficacité de l’intervention est aussi confirmée par Sandank et al. (2020)

Une revue réalisée en 2018 (Reichow et al.) à partir de 5 recherches pour 219 participants avec une période d’intervention de 24 à 36 mois, concluait que les évidences d’amélioration étaient faibles pour les participants au niveau de l’intelligence, des comportements adaptatifs et du langage, alors que les interventions ne donnaient aucune différence notable pour les symptômes autistiques et les comportements problématiques. Les auteurs concluaient aussi que, selon le système GRADE, la qualité des évidences allait de faible à très faible, notamment parce que 4 des 5 recherches avaient été menées sans assignation randomisée ni groupe de contrôle, chose qui est pourtant le « gold standard » en recherche. Ceci confirme les résultats de l’expérimentation institutionnelle de l’ICI menée en France en 20185, qui incluait 578 enfants sur une durée de 5 ans, et qui a eu un taux de succès de 3%.

En 2020, la méta-analyse de Rodger et al, confirme que les preuves de l’efficacité de l’ICI sont limitées et que les effets à long termes restent inconnus. Les auteurs recommandent même de ne pas choisir l’ICI étant donné ses coûts économiques importants par rapport à ses faibles résultats.

Les effets à long terme

Selon Fuld (2018), sur 456 études prétendant démontrer l’efficacité de l’ICI auprès des enfants autistes, une seule semble avoir étudié l’impact sur la santé mentale.

Shkedy et al (2019) ont étudié les comportements d’automutilation en lien avec les interventions comportementales. Pour les personnes autistes, ils rapportent que les enfants autistes ayant des comportements d’automutilation sont souvent ignorés, forcés à faire une activité qu’ils ne comprennent pas ou ne peuvent réussir, punis avec des techniques d’entraînement animalier comme les chocs électriques ou l’arrosage avec de l’eau, contraints de porter des casques, soumis à la contention, laissés dans une chambre d’isolement, etc. Ignorer, invalider, punir des comportements et ne pas prendre au sérieux les besoins des enfants autistes sont des réponses régulières et quelquefois même recommandées pour les comportements d’automutilation, alors que cela est lié directement au risque de développer un trouble de personnalité limite. De telles réponses aux comportements d’automutilation sont incompatibles avec toutes les connaissances actuelles sur les moyens d’intervention pour l’automutilation.

Sandoval-Norton et al (2019) observent diverses conséquences négatives de l’ICI : conformité, impuissance acquise, obsession de la nourriture ou des récompenses, risque d’abus sexuel et physique amplifié, faible estime de soi, diminution des motivations intrinsèques, perte de confiance, diminution des compétences interpersonnelles, anxiété, diminution de l’autonomie et dépendance à l’égard des adultes.

Kurpfenstein (2018), avec 243 participants, a démontré que presque 50% des personnes autistes ayant reçu de l’ICI rencontraient les critères du syndrome de stress post-traumatique et que, pour presque la moitié d’entre eux, la sévérité était extrême. Tout âges confondus, les personnes autistes ayant eu de l’ICI avaient 86% (41% chez les adultes, 130% chez les enfants) plus de chance d’avoir un syndrome de stress post-traumatique que les personnes autistes n’ayant pas eu de l’ICI.

Finalement, selon McGill et Robinsson (2020), une étude avec 10 personnes autistes, ICI aurait eu des impacts négatifs sur leur identité, leur santé mentale ainsi que leur estime de soi.

En conclusion, contrairement aux affirmations citées au début de ce communiqué, les méta-analyses et les revues systématiques sont loin de démontrer que «cette approche donne les meilleurs résultats pour le développement de l’enfant». Il n’existe pas de preuves claires de cette prétendue efficacité. De plus, en considérant les effets à long terme, il est difficile de maintenir que les effets sont nécessairement bénéfiques pour la personne autiste. Comment alors affirmer que l’ICI «augmente la qualité de vie des personnes autistes»?

Le désir et la volonté d’améliorer le bien-être des personnes autistes, à l’origine de plusieurs interventions, est incontestable. Par contre, l’ICI n’arrive toujours pas à démontrer qu’elle permet de répondre à ce souhait, en dépit des sommes colossales d’argent investies en elle.

Selon nous, il est nécessaire de voir pour quelles raisons au juste l’ICI est utilisée. Penser «corriger» des comportements jugés «inadéquats» ou «anormaux» sans chercher à comprendre leurs origines, penser qu’avec ces «corrections» la personne sera mieux acceptée et trouvera plus facilement sa place dans la société est une illusion que l’expérience dément.  Alors, que plutôt de s’acharner à changer nos agissements, à nous faire croire que nous sommes «défectueux»,  pourquoi ne pas partir de notre nature, la reconnaissance de nos forces et de nos besoins véritables?

– 30 –

Pour le conseil d’administration

Mathieu Giroux, Lucila Guerrerro, Antoine Ouellette, Mariam Tounkara

Informations : autcreatifs@gmail.com

C.C: Actualité UQAM – service des communications de l’UQAM

Références:

Bottema‐Beutel, K., Crowley, S., Sandbank, M. and Woynaroski, T.G. (2021), Research Review: Conflicts of Interest (COIs) in autism early intervention research – a meta‐analysis of COI influences on intervention effects. J. Child Psychol. Psychiatr., 62: 5-15. https://doi.org/10.1111/jcpp.13249

Fuld, S. (2018). Autism Spectrum Disorder: The Impact of Stressful and Traumatic Life Events and Implications for Clinical Practice. Clinical Social Work Journal, 46(3), 210–219. doi:10.1007/s10615-018-0649-6 

Kupferstein, H. (2018). Evidence of increased PTSD symptoms in autistics exposed to applied behavior analysis. Advances in Autism, 4(1), 19–29. doi:10.1108/aia-08-2017-0016 

Reichow B, Hume K, Barton EE, Boyd BA. Early intensive behavioral intervention (EIBI) for young children with autism spectrum disorders (ASD). Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, Issue 5. Art. No.: CD009260. DOI: 10.1002/14651858.CD009260.pub3

Rodgers, M., Marshall, D., Simmonds, M., Le Couteur, A., Biswas, M., Wright, K., Rai, D., Palmer, S., Stewart, L., & Hodgson, R. (2020). Interventions based on early intensive applied behaviour analysis for autistic children: a systematic review and cost-effectiveness analysis. Health technology assessment (Winchester, England), 24(35), 1–306. https://doi.org/10.3310/hta24350

Sandbank M, Bottema-Beutel K, Woynaroski T. Intervention Recommendations for Children With Autism in Light of a Changing Evidence Base. JAMA Pediatr. Published online November 09, 2020. doi:10.1001/jamapediatrics.2020.4730

Aileen Herlinda Sandoval-Norton & Gary Shkedy | Jacqueline Ann Rushby (Reviewing editor) (2019) How much compliance is too much compliance: Is long-term ABA therapy abuse?, Cogent Psychology, 6:1, DOI: 10.1080/23311908.2019.1641258

Gary Shkedy, Dalia Shkedy & Aileen H. Sandoval-Norton | Luca Cerniglia (Reviewing editor) (2019) Treating self-injurious behaviors in autism spectrum disorder, Cogent Psychology, 6:1, DOI: 10.1080/23311908.2019.1682766

McGill, O., & Robinson, A. (2020). “Recalling hidden harms” : Autistic experiences of childhood applied behavioural analysis (ABA). Advances in Autism, ahead-of-print(ahead-of-print). https://doi.org/10.1108/AIA-04-2020-0025

1Ducharme, J-F, Intervenir auprès des personnes autistes, Actualité UQAM, https://www.actualites.uqam.ca/2021/dess-intervention-comportementale-trouble-spectre-autisme?fbclid=IwAR1wQB3_T9LdIZBonQGHBhi_CGwGfl9oGvomMCPYSUzq2MaaLtttXXYp5nw, consulté le 8 mars 2021.

2Idem.

3Stewart, N. James, The Department of Defense Comprehensive Autism Care Demonstration Quarterly Report to Congress Second Quarter, Fiscal Year 2019, https://www.altteaching.org/wp-content/uploads/2019/11/TRICARE-Autism-Report.pdf?x78693, consulté le 8 mars 2021.

4Donnovan, M. P., The Department of Defense Comprehensive Autism Care DemonstrationAnnual Report2020, https://altteaching.org/wp-content/uploads/2020/10/Annual-Report-on-Autism-Care-June-2020.pdf?x78693, consulté le 8 mars 2021,

5Cekoïa Conseil. Planète publique. Evaluation nationale des structures expérimentales Autisme. CNSA. Rapport final. Février 2015, p. 34. Pour une analyse détaillée de ce rapport, cf Maleval J-C. Grollier M. L’expérimentation institutionnelle d’ABA en France : une sévère désillusion. Lacan Quotidien n° 568 et 569. Février-Mars 2016

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Notre Richesse, livre collectif

Coralie Adato. Stephan Blackburn. Iman Chaïr. Valérie Cloutier-Cadieux. Luka Cruz-Guerrero. Marie De Lannoy. Mathieu Giroux. Lucila Guerrero. Murielle Kirkove. Sandrine Lebrun. Maxime Lefrançois. Mady Art. Antoine Ouellette. Valérie Picotte. Élise Pilote. Pipoye. Eric Vigier.

Préface par Isabelle Courcy

Prix 20 CAD + 7$ livraison au Québec ou + 22CAD livraison internationale
Interac: autcreatifs@gmail.com / réponse: richesse
Paypal: https://www.paypal.me/autcreatifs 
Envoyer un courriel avec l’adresse d’expédition à autcreatifs@gmail.com

Version numérique: 10 CAD
Un lien sera envoyé par courriel dans les 24 heures suivantes.

Titre : Notre richesse.
Édition : Aut’Créatifs.
Comité éditorial : Stephan Blackburn. Mathieu Giroux. Lucila Guerrero. Lucie Latour. Antoine Ouellette.
ISBN Papier : 978-2-9818841-1-4
ISBN PDF : 978-2-9818841-0-7
Dépôt légal – Bibliothèque et archives nationales du Québec, 2020
© Aut’Créatifs, 2020. Tous droits réservés.

« Et si nous pouvions faire différemment ? »
C’est le défi lancé par ce livre écrit par des personnes autistes. Au moyen de diverses formes d’expression, elles proposent ici de réfléchir à la richesse de la personne autiste en tant qu’être humain. Elles invitent à regarder en premier les forces de chacune, afin de favoriser le dialogue vers l’acceptation et la reconnaissance positive de la condition autistique.

Puisque dans toute relation humaine l’écoute est primordiale, cette prise de parole voudrait créer des ponts et enlever des barrières. Du coup, elle désire contribuer à la diminution de la stigmatisation et des préjugés, souvent à l’origine de réalités telles que l’isolement social et la discrimination.

Pour lire un extrait et commander la version numérique

Communiqué

Le chaos du diagnostic en autisme

Communiqué officiel

Diffusion immédiate

26 mars 2020

Le chaos du diagnostic en autisme

Le 21 août 2019, le Dr Laurent Mottron et quatre co-chercheurs publiaient une méta-analyse1 concluant qu’au fil du temps, la différence entre les personnes ayant un diagnostic d’autisme et les personnes n’en ayant pas était devenue de moins en moins marquée. De plus en plus de personnes autistes ressembleraient de plus en plus aux personnes non-autistes. Cette étude avait créé une véritable onde de choc. Le 28 février 2020, Josef Schovanec allait dans le même sens dans une entrevue publiée sur Handicap.fr2. En conséquence, des gens ont lancé une sorte de « chasse aux faux autistes ».

Cela a causé beaucoup de désarroi. Dans ce contexte, Aut’Créatifs a tenté de répondre à des questionnements. Aut’Créatifs a aussi dû intervenir auprès de ses membres, car certains commençaient à douter d’être un « vrai autiste », une « vraie autiste ». Aut’Créatifs a dû redire que pour être membre, il faut avoir obtenu un diagnostic d’autisme posé par un professionnel autorisé et qu’autrement, il ne nous appartenait pas de dire si telle personne est ou non véritablement autiste. Il n’appartient pas davantage à Aut’Créatifs de juger publiquement de la compétence ou de la complaisance de tel ou tel spécialiste autorisé à poser un diagnostic. Nous pouvons discuter des idées circulant au sujet de l’autisme, mais le reste est la compétence d’ordres professionnels.

Par ailleurs, une autre tendance veut que le nombre de personnes autistes, loin d’être surestimé, soit au contraire largement sous-estimé. Les résultats d’une gigantesque étude menée en Corée publiés en 2011 indiquent que, sur la base des tests standards, près de 3 % de la population pourrait être diagnostiqué autiste3. Il y aurait presque autant d’autistes non diagnostiqués que d’autistes qui le sont!

Dès sa création, Aut’Créatifs s’est opposé à la description médicale de l’autisme proposée, ou imposée, par le DSM et qui a été reprise par d’autres classifications telle la CIM (Classification internationale des maladies). Par exemple, Aut’Créatifs a rédigé un Tableau terminologique en autisme qui ne reprend ni ne recommande les termes et concepts du DSM4.

Pour résumer, le DSM donne de l’autisme une définition strictement comportementale. Qui répond aux critères de l’autisme ? Un ensemble hétérogène de personnes présentant plus ou moins certains traits comportementaux et selon trois « niveaux », cela sans la moindre considération pour la ou les causes de ces comportements. Or, aucun de ces traits comportementaux n’est exclusif ou spécifique à l’autisme. Aucun, insistons-nous. Scientifiquement parlant, cette définition est molle, c’est-à-dire qu’elle « n’est pas objectivement quantifiable avec exactitude »5. Les critères de l’autisme et les tests de diagnostic héritent de cette mollesse. Comme on ne peut en connaître ni la fiabilité ni la marge d’erreur, une part significative est laissée à l’interprétation de qui fait passer l’évaluation. Une même personne peut alors recevoir un diagnostic d’autisme auprès de tel professionnel, mais ne pas le recevoir de tel autre professionnel. De plus, le fait qu’il existe des écoles de pensée divergentes au sujet de l’autisme chez les professionnels ne favorise guère la clarté pour qui reçoit ce diagnostic et désire mieux le comprendre.

Il est su que sur la base des critères et des tests officiels, des personnes ayant de nombreuses conditions autres que l’autisme reçoivent néanmoins un diagnostic d’autisme. Pourtant, des tests génétiques existent qui pourraient diagnostiquer bon nombre de ces autres conditions. Pourquoi est-ce ainsi? Par erreur; par refus de mener la démarche jusqu’au bout; pour économiser de l’argent (ces tests ayant un coût); parce qu’un diagnostic d’autisme ouvre la porte, lui, aux services dont la personne et sa famille ont vraiment besoin6, etc.

Pour cette raison, Aut’Créatifs recommande que les services aux personnes doivent être offerts sur la base des besoins réels et concrets que manifeste la personne, plutôt que sur la base d’un simple diagnostic qui est réduit à une case à remplir, ou à cocher, sur un formulaire…

Aut’Créatifs déplore que l’autisme devienne peu à peu une coquille vide, un mot ne signifiant plus rien. Des gens parlent d’autisme, mais sans parler de la même chose! Les victimes de ce marasme sont très nombreuses, alors que perdurent de la stigmatisation et de l’exclusion. C’est comme si la connaissance fine de l’autisme n’avait pas évoluée depuis plusieurs années ou que, pire encore, l’autisme était devenu une sorte d’auberge espagnole. Or il est impossible de faire de la recherche en autisme sans une définition rigoureuse de l’autisme.

Bien malgré lui, Aut’Créatifs se retrouve entre deux chaises. D’un côté, nous devons exiger une « preuve d’autisme » de la part de qui désire devenir membre; d’un autre côté, nous sommes conscients des failles importantes de la définition de l’autisme et des critères actuels, cela alors que nous militons pour une reconnaissance positive de l’autisme. Mais qu’y pouvons-nous? Légalement, seuls les spécialistes dûment autorisés à le faire peuvent poser un diagnostic d’autisme. À travers leur pratique clinique et les outils qu’ils développent, les spécialistes définissent l’autisme.

C’est pourquoi nous nous adressons aux spécialistes de l’autisme. Nous faisons appel à leur sens des responsabilités. Spécialistes et cliniciens, nous vous exhortons à vous entendre enfin entre vous! À vous entendre… :

Il serait temps de rendre des comptes. Nous comprenons mal qu’avec les sommes colossales d’argent consacrées depuis si longtemps à la recherche en autisme, nous devions faire de telles réclamations. La rengaine du « on y travaille » ne suffit plus.

  1. Sur une définition rigoureuse de ce qu’est l’autisme – une définition considérant la/les cause(s) et qui aille au-delà des seuls comportements;
  2. Sur des critères plus précis, spécifiques et stricts de l’autisme — des critères qui aussi excluent des conditions autres;
  3. Sur la confection de tests plus précis, spécifiques et stricts — des tests qui, à leur tour, excluent des conditions autres.

Pour le conseil d’administration d’Aut’Créatifs

Mathieu Giroux

Lucila Guerrero

Lucie Latour

Antoine Ouellette

1Rødgaard E, Jensen K, Vergnes J, Soulières I, Mottron L. Temporal Changes in Effect Sizes of Studies Comparing Individuals With and Without Autism: A Meta-analysis. JAMA Psychiatry. 2019;76(11):1124–1132. doi:10.1001/jamapsychiatry.2019.1956

2Handicap.fr, Shovanec : « Autisme adulte, trop de diagnostic abusif », https://informations.handicap.fr/a-schovanec-autisme-adulte-diagnostics-abusifs-12649.php, consulté le 17 mars 2020,

3https://kimleventhallab.ucsf.edu/sites/kimleventhallab.ucsf.edu/files/Prevalence.pdf

4https://autcreatifs.com/2014/12/19/raconter-lautisme-autrement/

5 https://fr.wiktionary.org/wiki/science_molle

6Par exemple : https://www.journaldequebec.com/2019/10/21/de-faux-diagnostics-pour-obtenir-des-services

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Réaction suite à la décision de l’ombudsman de Radio-Canada face à une plainte contre Le Pharmachien et son reportage sur l’autisme

Communiqué officiel

Diffusion immédiate

8 janvier 2020

Réaction suite à la décision de l’ombudsman de Radio-Canada face à une plainte contre Le Pharmachien et son reportage sur l’autisme

Le 11 avril 2019, l’ombudsman de Radio-Canada déposait son rapport à la suite d’une plainte contre Olivier Bernard alias « Le Pharmachien » concernant l’émission du 28 décembre 2018 ayant pour thème « Peut-on guérir l’autisme? »1. Suite à l’analyse des faits, l’ombudsman a conclu que monsieur Bernard avait fait preuve de toute la rigueur journalistique requise dans ce type d’émission. Du coup, la plainte n’a pas été retenue.

Aut’Créatifs tient à exprimer sa satisfaction devant cette décision.

Dans son émission, monsieur Bernard critiquait certaines méthodes dites alternatives de prise en charge de l’autisme en se basant sur les données probantes reconnues dans la communauté scientifique. Par exemple, les chambres hyperbares. Santé Canada reconnaît 14 états pathologiques pour lesquelles l’oxygénothérapie est bénéfique2, mais l’autisme n’en fait pas partie. Santé Canada base ses recommandations sur la Undersea and Hyperbaric Medical Society, un regroupement de plus de 2000 spécialistes en chambre hyperbare de plus de 50 pays différents3 4. Santé Canada a publié un communiqué informant que les chambres hyperbares à paroi souple ne sont pas homologuées au Canada, qu’elles peuvent occasionner de graves blessures allant jusqu’à la mort, et que leur vente est interdite5. Autre exemple : les diètes particulières. Aut’Créatifs a déjà produit un communiqué sur le sujet6. La revue scientifique démontre qu’il n’existe aucun effet bénéfique des diètes alimentaires sans gluten et sans caséine sur l’autisme7. Il est important de préciser ici que ces diètes valent pour certaines conditions, comme la maladie cœliaque ou les intolérances alimentaires. Ainsi, des personnes autistes peuvent présenter ces conditions et bénéficier de ses diètes. Par contre, cela n’a aucun effet sur l’autisme.

Monsieur Bernard est revenu sur le mythe des vaccins comme cause d’autisme. Il rappelle que ce mythe est fondé sur l’étude falsifiée de Wakefield. La prestigieuse revue The Lancet a retiré cette publication dont 10 de ses 12 co-auteurs s’étaient dissociés. Aucune autre étude n’a été capable d’en reproduire les résultats. Une méta-analyse de cinq cohortes totalisant plus de 1 250 000 enfants et 5 études comparatives avec presque 10 000 enfants n’ont pas démontré de lien entre l’autisme et les vaccins8. Le British Medical Journal a publié des articles accusant monsieur Wakefield de fraude9, et ce dernier a été radié à vie de l’ordre des médecins du Royaume-Uni.

Face à tout cela, monsieur Bernard a bien informé le public dans son émission. On peut aimer ou non son style caustique, mais il s’agit d’une autre question. Pour Aut’Créatifs, il est essentiel que l’information circule et que des débats se tiennent.

Aut’Créatifs compatit sincèrement avec la plaignante pour les difficultés qu’elle rencontre. Mais lorsqu’elle parle de « misère humaine, sociale et éducative »des personnes autistes 10, nous tenons à souligner que cette misère provient pour une bonne part d’environnement inadapté, de mythes, de préjugés et de discrimination à leur égard.

Malgré son ironie, monsieur Bernard n’a manqué de respect envers personne. Il a inclus une personne autiste comme intervenante dans son émission, ce qui mérite nos applaudissements. La plaignante a remis en cause le diagnostic de cette personne et a douté du fait qu’elle soit «représentative» des autistes. À nos yeux, il s’agit là d’un commentaire malheureux. Aut’Créatifs favorise la prise de parole des personnes autistes : «rien sur nous sans nous». Toute personne autiste est d’abord et avant tout citoyenne et, de ce fait, a entièrement droit de s’exprimer. Aut’Créatifs condamne donc cette tendance chez certains à dénier ce droit fondamental sous de très mauvais prétextes. Afin de favoriser le respect des personnes autistes et des réalités qu’elles vivent, Aut’Créatifs a produit un tableau de terminologie disponible gratuitement en français, en anglais et en espagnol.11 Aut’Créatifs rappelle que l’autisme n’est aucunement un déterminant des capacités cognitives et du potentiel d’une personne.

En conclusion, Aut’Créatifs souligne le bien-fondé de la contribution d’Olivier Bernard quant à l’élimination de mythes au sujet de l’autisme. Aut’Créatifs salue aussi la décision solidement argumentée de l’ombudsman de la Société Radio-Canada.

– 30 –

Pour le conseil d’administration
Stéphane Blackburn
Mathieu Giroux
Lucila Guerrerro
Lucie Latour
Antoine Ouellette

Informations : autcreatifs@gmail.com

C.C. :
Olivier Bernard alias Le Pharmachien
Guy Gendron, ombudsman de Radio-Canada
Relation publique de Radio-Canada

1Gendron, G., Le « Pharmachien » a-t-il manqué de respect aux parents d’enfants autistes? (les aventures du Pharmachien), Radio-Canada, https://cbc.radio-canada.ca/fr/ombudsman/revisions/pharmachien-autisme, consulté le 5 janvier 2020.

2Santé Canada, Oxygénothérapie hyperbare, Gouvernement du Canada, https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/vie-saine/votre-sante-vous/aspect-medical/oxygenotherapie-hyperbare.html, consulté le 5 janvier 2020.

3Undersea and Hyperbaric Medical Society, About the UHMS, https://www.uhms.org/about/about-the-uhms.html, consulté le 5 janvier 2020,

4Sakulchit, T., Ladish, C. et Goldman, R.D., Oxygénothérapie hyperbare pour les enfants atteints du trouble du spectre autistique, the College of Family Physicians of Canada, juin 2017, 63(6), 449-452.
Disponible aussi au https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5471083/, consulté le 5 janvier 2020,

5Santé Canada, Mise à jour – Les enceintes hyperbares à parois souples non homologuées peuvent présenter de graves risques pour la santé (25 oct 2019), Cision, https://www.newswire.ca/fr/news-releases/mise-a-jour-les-enceintes-hyperbares-a-parois-souples-non-homologuees-peuvent-presenter-de-graves-risques-pour-la-sante-898801600.html, consulté le 5 janvier 2020,

6Giroux, M., Guerrero, L. et Ouellette, A., Autisme et alimentation: un vieux mirage, Aut’Créatifs, https://autcreatifs.com/2015/11/18/autisme-et-alimentation-un-vieux-mirage/, consulté le 5 janvier 2020,

7Caron, C. et Thermidor, G., La diète sans gluten et caséine n’est pas efficace pour traiter l’autisme, Sur le spectre- magazine du groupe de recherche en neuroscience de l’autisme de Montréal, numéro 1, printemps 2016, p10-11, Disponible aussi au http://grouperechercheautismemontreal.ca/SurLeSpectre/Sur_le_spectre_no_1_2016-04.pdf, consulté le 5 janvier 2020.

8Taylor LE et al. Vaccines Are not Associated with Autism: An Evi-dence-Based-Meta-Analysis of Case-Control and Cohort Studies. Vac-cine 32 (2014) 3623–3629, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24814559, consulté le 5 janvier 2020,

9Caron, C. et Thermidor, G., Pourquoi est-il clair que les vaccins ne causent pas l’autisme?, Sur le spectre- magazine du groupe de recherche en neuroscience de l’autisme de Montréal, numéro 2, octobre 2016, p8-9, Disponible aussi au http://grouperechercheautismemontreal.ca/SurLeSpectre/Sur_le_spectre_no_2_2016-10.pdf, consulté le 5 janvier 2020.

10Gendron, G., Le « Pharmachien » a-t-il manqué de respect aux parents d’enfants autistes? (les aventures du Pharmachien), Radio-Canada, https://cbc.radio-canada.ca/fr/ombudsman/revisions/pharmachien-autisme, consulté le 5 janvier 2020.

11Guerrerro L, Lauzon, M. et Ouellette A., Raconter l’autisme autrement, Aut’Créatifs, https://autcreatifs.com/2014/12/19/raconter-lautisme-autrement/, consulté le 5 janvier 2020, En anglais : https://autcreatifs.com/2017/06/22/telling-the-story-of-autism-differently/ En espagnol : https://autcreatifs.com/2017/07/26/hablar-de-autismo-de-otra-manera/